Les racines des ombres by François Rabes

Les racines des ombres by François Rabes

Auteur:François Rabes [Rabes, François]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hugo Poche
Publié: 2022-02-03T07:21:28+00:00


Chapitre 12

Armé de jumelles à visée nocturne, le brigadier Belkouri surveillait le clan Leipzik depuis la forêt qui bordait le campement forain. Un deuxième gendarme planquait à ses côtés. La voiture de Claire vint se garer dans le dos des deux militaires, près de leur véhicule de service.

Phares éteints, la jeune femme prit soin de ne pas claquer sa portière et les rejoignit.

– Je me suis dit que vous n’aviez peut-être pas dîné…

Claire sortit deux sandwichs de son sac en reprenant la formule employée par Belkouri à la caserne, quelques soirs plus tôt.

– J’ai pris au thon exprès…

– Ah ouais donc c’est mort, j’ai vraiment une tête à pas manger de cochon ?

Claire parut gênée tout à coup, regrettant sa maladresse.

– C’était censé être drôle, renchérit le gendarme.

Sourire beau joueur de la substitut. Le brigadier croqua dans son sandwich, aussitôt imité par son co-équipier.

– Vous êtes partis pour la nuit, là ? C’est votre femme qui va être contente…

– La faute à qui ? répliqua Belkouri. C’est l’équipe d’intervention qui était censée couvrir la zone.

Silence coupable de Claire. Il finit par lui désigner un Thermos posé sur le capot de leur voiture.

– Y a du café chaud, si vous voulez…

Elle se servit un gobelet, puis se plaça aux côtés des gendarmes.

– Je vais être honnête, ça me fait des vacances de pas être H24 à la maison… on n’en est qu’au cinquième mois et c’est déjà l’enfer, lui confia Belkouri, complice.

Claire sentit que la glace se rompait et se félicita en silence de sa visite surprise.

– Alors, qu’est-ce que ça donne ? enchaîna-t-elle pour mettre à profit cette embellie peut-être passagère.

– Ça bouge pas. Le Manou… heu, Dario Leipzik a pas mis le nez dehors de toute la soirée. En vrai, on sait même pas s’il est là.

Le brigadier s’était repris pour ne pas froisser la substitut qu’il savait à cheval sur ses principes. Une façon de marquer une certaine forme de respect et d’accepter le dialogue. La jeune femme but une gorgée de café et se brûla.

– Je vous ai dit qu’il était chaud.

Belkouri lui tendit ses jumelles. Claire observa le campement forain fermé au public. Les manèges sans vie évoquaient des créatures endormies. Une image débile vint alors se plaquer sur le mur de sa mémoire. Elle se revoyait au lycée avec ses lunettes aux carreaux épais, passant des heures à élaborer des antisèches miniatures pour ses examens d’histoire-géo, alors qu’il aurait mieux valu apprendre directement ses leçons. C’est un peu le sentiment qui la traversait au milieu de cette clairière silencieuse, celui de s’y prendre mal. De se compliquer la tâche alors que la solution était ailleurs.

– On perd notre temps, ici, souffla Claire à haute voix, comme si elle apportait une conclusion à ses pensées.

– C’est pas l’avis du capitaine apparemment…

– Et vous ?

– Euh…

– Qu’est-ce que vous en pensez ?

– Honnêtement, y a de grandes chances pour que notre homme soit dans le coup. Il a quand même un sacré palmarès… Enfin vous savez bien, poursuivit-il.



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